01 août 2015 – Arrivée à Brucebyen

Aujourd’hui, nous prenons le bateau et partons pour Brucebyen. Nous devrons d’abord remonter l’Isfjorden avant de bifurquer dans le Billefjorden. Là, au pied, du glacier, nous trouverons Brucebyen, ancienne base minière construite en 1919 et abandonnée quelques années plus tard.

Le groupe est arrivé pendant la nuit. Une dizaine de personnes venues d’un peu partout en France. Ce matin, tout le monde se rassemble à 7h pour le départ. Une première partie du groupe monte dans le mini-bus et part en direction du port. Là, nous chargeons les sacs dans le bateau. Nous empilons tout à l’avant, à coté d’un zodiac que nous utiliserons tout à l’heure pour accoster sur la plage de Brucebyen.

Pendant ce temps, le reste du groupe arrive. Le bateau est assez gros et nous sommes seuls pour le moment. Mais très vite, nous voyons arriver un bus, puis deux, puis trois… déversant des dizaines de personnes qui montent à bord. En fait, ce bateau organise des circuits à la journée dans les fjords, d’où l’arrivée de groupes de touristes. Nous n’aurons donc pas ce grand bateau pour nous tous seuls.

Nous partons et remontons le fjord, longeant les montagnes de Longyearbyen.

Nous apercevons les installations de la station satellite en haut de l’une d’entre elle.

Et tout ça sous un soleil éclatant ! Même si le vent, qui souffle assez fort, refroidit bien l’atmosphère. Polaire, coupe-vent et bonnet sont de rigueur !

Je reste dehors durant quasiment tout le trajet pour admirer les paysages. Je regarde les montagnes s’éloigner…. 

https://youtu.be/O55cbZxB6lc

Les paysages défilent et défilent encore : encore des montagnes, certaines aux sommets enneigés, des glaciers…
Les oiseaux nous accompagnent et volent tout autour du bateau. Des mouettes…

…mais aussi des macareux !

Et en regardant bien, on en voit même pas mal. Volant en groupe, ils plongent dans la mer pour attraper quelques poissons. Par contre, je me demande bien où ils peuvent nicher car les montagnes ici sont plutôt minérales : je ne vois pas beaucoup d’herbe dans les parages… Pourtant, si. Il y a même quelques falaises. Nous allons en longer quelques-unes et le bateau fera même un détour pour s’en approcher. Voici donc où se cache la verdure !

Nous continuons notre route. Autour, les montagnes prennent des allures de far-west.

Je me suis calée à l’arrière du bateau, au soleil. Le vent s’est calmé et les rayons chauffent bien. Nous sommes partis depuis un petit moment et arrive l’heure du déjeuner… Le repas est préparé par l’équipage philippin. Chacun a droit à une assiette avec quelques morceaux de baleine cuite au barbecue (installé sur le pont, à l’étage), un morceau de saumon cuit en papillote également au barbecue, le tout accompagné d’un peu de riz et de salade verte. La baleine est un peu ferme à mon goût mais le saumon est excellent !

Nous arrivons à proximité de Billefjorden. Nous avons 30 minutes pour manger avant de nous rassembler à l’avant du bateau, à coté du zodiac.

Là, nous enfilons les gilets de sauvetage, nos bottes en caoutchouc et chargeons le zodiac avec un maximum de sacs. En face, le glacier près duquel nous allons établir notre camp de base.

Il est juste en face de Pyramiden, une ancienne ville minière russe, abandonnée dans les années 90. La ville est toujours là, les infrastructures minières aussi… Mais elle s’est vidée de ses habitants…

Le zodiac est plein, il est mis à la mer. Autour de nous, tout le monde nous regarde : nous sommes devenus l’attraction du bateau en quelques minutes. Je monte dans le zodiac avec une partie du groupe. Nous tenons les sacs tandis que nous nous éloignons. Les passagers du bateau nous font de grands signes pour nous dire au revoir.

Alors que nous arrivons à proximité de la plage, nous sautons dans l’eau et tirons le bateau sur la rive. Là, nous déchargeons les sacs. Nous faisons une chaine pour le vider au plus vite. Le marin philippin repart alors chercher le reste du groupe. Mais il peine à faire redémarrer le moteur et nous le voyons dériver un instant…

… avant de réussir à redémarrer. Un aller-retour jusqu’au bateau et le reste du groupe nous rejoint.

Le marin a de nouveau du mal à redémarrer le moteur et va de nouveau dériver pendant un moment. Il finira par attendre au milieu de l’au que son bateau repasse en sens inverse et le récupère.

Nous transportons les sacs un peu plus loin. Avant de quitter la plage, je jette un œil au glacier qui sera notre voisin pour les prochains jours.

Nous remontons au-dessus de la plage et installons le camp. Notre guide se charge de la tente messe…

… pendant que nous nous chargeons des petites tentes. Les voici dressées, face à la mer.

Puis, nous nous réunissons tous dans la tente messe pour un brief sur la sécurité dans le camp et durant les marches. L’ours. C’est bien lui la menace ici. Notre guide portera toujours un fusil gros calibre avec lui, tandis qu’un membre du groupe portera lui un pistolet d’alarme quand nous marcherons. Il permet de tirer une sorte de grosse fusée sur un ours qui s’approcherait trop près. Durant les marches, nous devrons toujours rester groupés : pas question d’aller se balader seul.
Dans le camp, aucune nourriture dans les tentes, tout est regroupé et placé à distance du camp. De même, pas de dentifrice ou autre produit cosmétique odorant. Leur place est aussi à l’écart du camp avec la nourriture.
Les toilettes sont installées sur la plage. Lorsque nous y allons, il faut prendre une mini-fusée, au cas où nous croiserions l’ours en chemin. Un clairon est aussi installé à proximité pour alerter le camp en cas de danger. Une pelle aussi. Pour tout jeter à la mer.
De même, toute nourriture restante sera jetée à la mer et non mise dans un sac poubelle. Laisser le moins de trace et d’odeur possible.
Mais surtout, nous devrons faire des rondes chaque nuit à raison de 2h par personne. Durant ces rondes, la personne devra porter le pistolet d’alarme. Si un ours approche du camp, la première chose à faire est de réveiller le guide. Mais si l’animal est trop proche, nous devrons utiliser le pistolet pour essayer de le faire fuir. Nous apprenons donc les uns après les autres à nous en servir. Comment l’armer, comment tirer. Il est lourd… la manip n’est pas très dure mais j’aimerais autant ne pas avoir à m’en servir.

Le premier tour de garde commencera lorsque les premières personnes iront se coucher. Il sera alors minuit et c’est un pingouin qui nous servira de repère horaire.

Il y aura cinq tours de garde chaque soir. Nous sommes 10, nous serons donc de garde une nuit sur deux. Et la « nuit » de repos durera 10h pour ceux qui dormiront.

Nous voici donc au milieu de nulle part, dans un pays où il fait jour en permanence et où un pingouin rythme le temps. Ceux qui avaient encore une montre la rangent au fond de leur sac pour les dix jours à venir.

Nous partons faire un tour avant le diner et marchons en direction du glacier, en longeant la mer.
Sur la plage, pas mal de bois échoué. Des troncs mais parfois aussi des « vestiges ». Qu’est-ce qu’un vestige au Spitzberg ? Une trace du passé, laissé par les anciens mineurs ou autres visiteurs. Ou encore des objets arrivés de la mer et qui sont venus s’échouer sur la plage. Pour les objets en bois, tout ce qui a des clous est considéré comme un vestige. Le détruire peut entrainer une amende… Donc avant des faire un feu et de brûler du bois, mieux vaut y regarder à deux fois ! Il convient aussi de laisser les objets à leur place.

Quelques plantes ont réussi à se nicher entre les pierres et à se faire une place.

Nous continuons encore un peu et nous arrêtons juste avant le début de la moraine. Derrière, le glacier s’étend à perte de vue.

Nous revenons ensuite par la toundra. Le sol est parfois « bosselé »…

.. ou plus plat. Mais à chaque fois,  tout est très sec. On est loin des sols spongieux dont on m’avait parlé avant mon départ, et qui avait entrainé l’achat de bottes en caoutchouc. Pour le moment, ce n’est vraiment pas nécessaire…

Régulièrement, nous trouvons quelques restes d’animaux : dents,  vertèbres ou autres os, de renards, de rennes… Dur de survivre dans cette région…

Nous continuons jusqu’aux petites maisons de mineurs qui sont juste à coté de notre camp. Elles sont encore entretenues, l’une appartenant au gouverneur des Svalbard. Une autre est en cours d’aménagement et semble destinée à devenir un refuge.

A coté des maisons, d’anciens rails et quelques wagonnets témoignent de l’activité minière passée. Ce campement avait été établi pour étudier les gisements de charbon de la région. Mais Brucebyen a été abandonné au bout de quelques années, aucun gisement économiquement intéressant à extraire n’ayant été trouvé.

Ne subsistent que ces vestiges, protégés par la loi sur l’environnement du Svalbard.

Retour au campement. Nous nous regroupons sous la tente messe pour préparer le diner. Nous grignotons du saucisson en apéritif : grand luxe !
Nous organisons aussi les tours de garde de la nuit. Cinq personnes ce soir, j’en serai. J’aurai même le privilège d’ouvrir le bal en prenant le premier tour de garde

Diner et début de la garde. Il est 21h30 heure officielle, minuit heure pingouin. Je vais donc surveiller le camp jusque 2h du matin heure pingouin (23h30 heure officielle). Plutôt facile comme créneau.
Je profite de ce moment seule pour écrire, assise sur un tronc d’arbre face à la mer. Mais attention, j’ai mon arme et je veille !

Il faut régulièrement s’approcher de la plage qui est en contre-bas, pour vérifier qu’aucun ours ne s’y cache. Car très souvent, l’animal arrive par la mer. Scruter l’horizon et la surface de la mer. Mais aussi le glacier et la toundra derrière les petites maisons de mineurs. Résultat, je lève la tête presque après chaque phrase écrite pour vérifier que tout est ok. 
Durant ma garde, pas d’ours mais un renard polaire viendra roder autour du camp, près des sacs de nourriture. Je resterai ensuite un moment à l’épier.

L’endroit est paisible. Je termine mon tour de garde en regardant la mer et en écoutant le glacier gronder. Ma première nuit au Svalbard.

Photos de la journée

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