6h, heure pingouin. Je prends ma garde. Les conditions sont bien différentes de la première. Cette fois, les montagnes ont la tête dans les nuages et la température a sérieusement baissé. J’emmène avec moi mon livre et mon carnet de voyage, pour passer le temps. Allers-retours vers la plage toutes les 15/20 minutes. La première heure passe vite. La dernière demi-heure est interminable. J’ai froid, je me fais un thé, grignote un gâteau. 8h, heure pingouin, la relève arrive. Je retourne dormir 2h. Le réveil sera dur. Il faudra même venir me réveiller…
Ce matin, nous rangeons le camp pour prendre le bateau. Nous quittons Brucebyen pour Svéa et son glacier. Nous regroupons toutes nos affaires sur la plage et le zodiac arrive.
Nous chargeons tous les sacs dans le bateau et nous nous équipons. Le marin norvégien nous donne à chacun une combinaison et un gilet de sauvetage. Nous les enfilons et embarquons. Nous voici tous assis à califourchon sur les fauteuils en mousse, prêts à partir.
C’est parti pour 1h30 de voyage en mer. A nouveau, les montagnes défilent, dans la brume cette fois. Les macareux nous accompagnent encore en volant autour du bateau. Nous passons à proximité d’une maison, nichée sur le flanc d’une montagne, où a vécu un groupe de suédois venus pour une expédition. Tous sont décédés durant cette expédition, victimes d’une intoxication… par leurs conserves !
Le glacier de Svéa apparaît au loin. Devant lui flottent quelques glaçons. Ses couleurs bleues, les montagnes qui l’entourent : magnifique.
Nous débarquons sur la plage. Un peu plus loin, d’autres camps. Nous sommes loin d’être seuls dans la zone. Nous déchargeons nos affaires et le bateau repart pour Longyearbyen.
Nous montons le camp en respectant les mêmes règles de sécurité : la tente messe d’un côté…
… Et les tentes un peu plus loin…
Les sardines s’enfoncent dans le sol comme dans du beurre. Par précaution, nous mettons des pierres dessus, au cas où le vent se lèverait.
Les toilettes sont installées derrière la tente messe, à l’écart du camp, derrière un petit muret. Le clairon et un sac poubelle retrouvent leur place à proximité.
Enfin, nous installons des troncs d’arbres en face de la tente messe pour déjeuner. Tout le monde se regroupe et c’est alors que nous faisons connaissance avec nos voisins… Installés en bordure de mer, face aux montagnes…
… parfois posés sur une pierre…
Les sternes !
A priori de petits oiseaux plutôt mignons mais qui deviennent de véritables terreurs quand il s’agit de protéger leur petit… Et un petit, justement, il y en a un ! Une petite boule de plume marron, qui se balade le long de la plage, dans les cailloux…
Et bien entendu, il a élu domicile sur le bout de plage qui se trouve entre la tente messe et celles où nous dormons. La conséquence ? A chaque fois que l’un d’entre nous traverse, les parents hystériques du bébé sterne l’attaquent, en poussant des cris stridents et en leur fonçant dessus. Si nous trainons un peu trop, elles n’hésitent pas non plus à leur cracher dessus ou à leur envoyer d’autres déjections … De charmantes bestioles avec qui il va falloir cohabiter durant les prochains jours.
Après le déjeuner, nous partons nous promener vers le glacier.
Nous commençons par longer la plage et passons à côté d’un campement, vide.
Visiblement, la grande tente a été visitée… Notre guide va jeter un coup d’œil à l’intérieur et confirme. Un ours est venu, est entré et a tout retourné à l’intérieur. Nous apprendrons un peu plus tard que l’ours est passé quelques jours avant… C’est donc à deux pas de notre camp. Bon… Ça change la donne et on comprend mieux la menace. Il va falloir redoubler de vigilance durant les tours de garde. Surtout qu’ici, le paysage est tout en creux et en bosses. L’animal a de quoi se cacher ou nous surprendre facilement.
Nous approchons du glacier de Svéa et l’air commence à bien se refroidir.
Nous traversons une rivière en sautant de pierre en pierre et nous devons ensuite courir pour éviter de nous enfoncer jusqu’aux genoux dans la boue qui borde le glacier. Glacier sur lequel nous montons. La glace est marron, mêlée à la poussière et à de petits cailloux. Pas besoin de crampons ici !
Mais au loin, les vagues de glace sont bien blanches, striées de bleu.
Nous savourons, c’est un régal pour les yeux… tandis que le glacier gronde régulièrement.
En face, sur l’autre rive, les montagnes se détachent au loin et le soleil laisse passer quelques rayons qui éclairent certaines d’entre elles.
Nous revenons ensuite sur nos pas et redescendons dans la moraine.
Ici et là, de nouvelles plantes que nous n’avions pas encore croisées se sont fait une petite place. La vie malgré l’hostilité.
Nous revenons tranquillement au camp. Rien n’a bougé, les sternes sont toujours là et toujours aussi folles dès qu’on pénètre dans la zone critique. Nous levons les bras pour les éloigner, essayons dans la mesure du possible de ne pas passer trop près de l’oisillon. Peine perdue. Il ne reste plus qu’à limiter les allers-retours entre les tentes.
Diner dans la tente messe. Un labbe à longue queue pointe le bout de son nez à l’entrée. Peu farouche, il y restera un moment, histoire de voir s’il ne peut pas voler quelque chose à manger… Car l’animal est roublard. Nous l’avons vu voler la nourriture d’autres oiseaux et se faire courser par les sternes.
Un groupe de kayakistes norvégiens approche et s’arrête 5 minutes. Ils traverseront ensuite pour monter leur camp sur la rive d’en face. L’endroit semble très fréquenté par les kayaks.
Nous gagnons nos petites tentes. Dehors, la température a bien changé : le soleil est toujours derrière les nuages et la proximité du glacier rafraichit l’atmosphère. Et demain, nous irons observer ce glacier du haut de la montagne.
Photos de la journée
