24 août 2013 – La traversée du désert

Il fait nuit. Dehors, le vent ne s’est pas calmé et souffle toujours aussi fort. Je suis à moitié réveillée. Le bruit du vent m’a tiré du sommeil. Mai j’ai aussi  l’impression d’entendre un bruit sourd, comme un moteur… Surement le vent qui s’engouffre dans le poêle. Je me retourne, cherche le sommeil. Mais quelques instants après, j’entends la porte qui grince… Encore une idée ? Je me retourne à nouveau mais je garde un œil ouvert… A ce moment, je vois une ombre se profiler dans la pièce. Ce n’était donc pas une idée ! Mais qui peut bien venir ici à cette heure de la nuit ?? Je m’assoies : ‘Y a quelqu’un ??’ Et là, une petite voix : ‘Oui, c’est moi’. Edwige ! ‘J’avais soif’. Mince… Je ne l’avais pas entendu se lever.. Mon cerveau s’est emballé tout de suite ! Encore heureux que je ne l’aie pas assommée avec une casserole ! Le gag… Je me rendors.

Réveil au petit matin. Le vent s’est calmé. Bonne nouvelle.

Petit déjeuner, rangement des sacs et petit coup de ménage dans le refuge. Je sors laver la vaisselle dans la rivière. Il fait froid et l’eau est gelée. Hop, hop, hop ! Vite fait, bien fait, je rentre au chaud.

Nous reparlons de notre aventure d’hier au col. Ça nous a marqué cette histoire. Bref, il faut qu’on passe à autre chose pour garder tout le reste et le souvenir des paysages grandioses.

Aujourd’hui, nous allons marcher en direction de Botni. L’étape fait aussi une vingtaine de kilomètres mais ce sera beaucoup plus calme. Pas de dénivelé, nous allons marcher dans Ódáðahraun, le grand désert noir.

Avant de partir, nous allons chercher de l’eau à la rivière et la filtrons. Il nous en faut suffisamment pour la journée, ça prend donc un peu de temps. Nous avons trouvé des filtres à café dans le refuge et on filtre à la chaine.

Les gourdes sont remplies, nous partons ! Dehors, il commence à pleuvoir donc il vaut mieux ne pas trop traîner. Et pour bien démarrer la journée, rien ne vaut une petite traversée de rivière à gué. Aahhh !! L’eau est toujours aussi froide… on ne traine pas.

Nous suivons la piste qui se dessine au milieu du sable noir. La direction ? Tout droit.

La traversée du désert commence. Le rythme est bon, nous avalons les kilomètres. Nous voulons profiter de cette étape facile  pour arriver tôt au refuge et pour nous poser.

De chaque coté, les montagnes. Mais très vite, autour de nous, le vide. Des pierres et le sable noir à perte de vue. Il pleut toujours un peu mais rien de très méchant. Par endroit, quelques touffes d’herbe. La végétation a réussi à se faire une petite place.

Sensation bizarre de marcher dans cet espace si vide… Peu de paroles échangées, nous sommes chacune plongées dans nos pensées.  Foisonnantes.

Devant nous, Sellandafjall se profile au loin et grossit : on se rapproche.

A plusieurs endroits, nous croisons des panneaux solaires. Des dispositifs pour surveiller la sismicité ?

Nous arrivons dans une zone où il y a quelques petits rochers éparpillés. Nous nous abritons derrière l’un d’entre eux pour déjeuner. Enfin… Il n’est pas assez gros pour arrêter le vent donc le sable vole quand même autour de nous. Mes pommes séchées sont légèrement poivrées et croustillantes. Ce n’est pas très agréable. Nous commençons aussi à avoir froid. Nous repartons vite.

Un panneau : Botni est à 8km. Nous avons fait plus de la moitié du chemin et devrions arriver tôt si on continue sur le même rythme.

Cette fois, la champ de lave est plus compact, plus chaotique aussi. Fini le désert de sable.

Nous longeons une coulée de lave. Autour de nous, les premiers signes de végétation que nous voyons depuis un moment.

Le sol est dur, ça résonne dans les jambes. C’est plus dur pour les pieds qui commencent à faire mal. Autant nous avons bien marché ce matin, autant nous traînons la patte cet après-midi. Nous nous arrêtons régulièrement. Souvent même. Nous avons une baisse de régime toutes les deux en même temps. C’est la première fois que cela arrive. Sellandafjall se rapproche encore un peu plus, nous ne devrions plus être très loin du refuge.

Soudain, une silhouette. Quelqu’un arrive au devant de nous. Le premier marcheur que nous croisons depuis le début du trek !! C’est aussi la première personne depuis… hier matin ? Pourtant, j’ai l’impression que cela fait une éternité que je n’ai pas croisé quelqu’un… Cet endroit nous transporte vraiment dans un autre monde… Il est écossais et encadre un groupe de jeune qui randonne dans la région. Les voici qui arrivent derrière lui. Ils vont à Dyngjufell ce soir et iront demain au col de Jónsskarð pour admirer la vue sur la caldeira. Nous le mettons en garde contre le vent qui peut souffler très fort là-haut… Forcément… Ensuite, ils reviendront en sens inverse pour regagner leur camp qui est près de Svartarkot. Il nous invite d’ailleurs à passer à leur campement demain, pour prendre un café et manger un sandwich. Sympa. Ça fait plaisir de croiser des gens comme ça. Il nous dit aussi qu’ils sont passés à Botni et qu’ils ont laissé un sac avec leurs ordures. Ils viendront le récupérer plus tard et nous propose de laisser aussi nos ordures que nous trimballons depuis le début du trek. Ça aussi c’est cool !!

Nous voici toutes ragaillardies ! Nous repartons dans le champ de lave en marchant d’un bon pas. Mais c’est encore long… Enfin, cela nous paraît long mais nous ne sommes vraiment plus très loin. Tout à coup, blotti au creux du champ de lave, nous apercevons le refuge. Ah !!! C’est bon de le voir !!

Nous bifurquons pour couper à travers champ (de lave). Nous voulons arriver au plus vite. Et nous arrivons enfin ! Nous entrons, posons nos affaire, prenons nos aises…. et soufflons !! On s’installe, on s’étale. Le refuge est agencé comme celui de Dyngjufell mais il est quand même plus grand.

J’ai faim. Je fais chauffer de l’eau pour me faire une soupe et du thé.  Edwige va faire le plein d’eau dans le petit lac à coté du refuge. Elle a l’air bonne… de toute façon, on va la faire bouillir. En tout cas, pas besoin de la filtrer cette fois.

Et ensuite, nous ne faisons… rien. Et c’est bon. Les muscles se détendent, on récupère.

Il est 19h. Une voiture arrive par la piste. Ah mince, on serait bien resté tranquille. Ils prennent quelques photos et repartent dans leur 4 X 4. Bien…

Apéritif. Il nous reste un peu de cognac. Nous papotons.

Quelques minutes plus tard, des cyclistes arrivent. Ils rentrent et nous demandent comment cela se passe pour rester dans le refuge. On leur explique, ils ressortent. Et reviennent finalement pour nous demander si nous sommes d’accord pour qu’ils restent ici. Oui, bien sûr. Ce n’est pas notre refuge ! Ce sont des anglais, Tom et Jamie, deux frères. Ils viennent d’arriver en Islande et vont traverser l’Islande du nord au sud. L’un d’eux parle un peu français car il a habité à Fontainebleau.

Nous préparons le diner. Nos amis ont une bouteille de vin et nous offrent un verre. Enfin, une tasse bien remplie !

Après le repas, séance vaisselle dans le petit lac, à la frontale. Une tasse n’en réchappera pas. En revenant, nous préparons nos affaires pour le lendemain et les entreposons à l’entrée du refuge. Nous partons tôt et quand nous avons demandé aux deux frères à quelle heure ils comptaient partir, ils nous ont répondu 11h… Nous ne sommes pas du tout sur le même timing ! Mieux vaut être discretes demain matin.

Demain… Ce sera la dernière étape de notre trek. Je crois que l’une comme l’autre, nous sommes contente d’arriver au bout… Mais quelle aventure !

Photos de la journée

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