05 Août 2014 – De Tyssevassbu à Trolltunga, en passant par une rivière infernale

Hier soir, la gardienne du refuge a distribué les tâches. Notre chambre devra faire le ménage dans la pièce principale et la chambre, tandis que les personnes de l’autre chambre feront le ménage dans la leur et seront de corvée d’eau. Donc ce matin, avant de partir, nous devons remplir notre tâche. La mère et la fille se chargent de la chambre, je m’occupe de la pièce principale. Pas évident alors qu’il y a encore du monde qui déjeune et vaque à ses occupations. Et sans balai. Je fais au mieux.

Une fois terminé, nous partons. Dehors, le temps est magnifique : ciel bleu, températures plus que correctes : c’est une belle journée qui s’annonce !

Avant de partir, petite photo souvenir devant le refuge de Tyssevassbu.

Et cette fois, c’est le départ. Destination : Trolltunga. Ce n’est pas très loin en termes de distance, on devrait mettre 3 ou 4h. Enfin, si on ne fait pas trop de pause photos ou autre…

Nous commençons à marcher dans la caillasse. Le paysage qui nous entoure est vraiment très rocailleux…

… et nous devrons encore traverser de longues étendues de neige, comme nous l’avait annoncé la gardienne du refuge hier…

Le soleil qui se reflète sur la neige chauffe vraiment bien… J’ai oublié de mettre de la crème solaire et j’ai peur de le regretter ce soir… Mais pour le moment, nous profitons du soleil.

C’est bon de voir nos ombres pour une fois !

Par endroit, la neige se fissure et commence à se détacher… Heureusement, nous n’avons pas à passer dessus…

Tout est paisible, nous avançons tranquillement : c’est vraiment agréable de savoir qu’on a peu de distance à parcourir, qu’on peut prendre notre temps, que le chemin est tout tracé et … que le soleil brille pour la journée !! Nous savourons…

… jusqu’à ce que nous arrivions au surplomb d’une rivière. Qu’il va falloir traverser. Décrivons d’abord le passage. Pour arriver au niveau de la rivière, il faut dé-escalader une petite paroi. Certes, elle n’est pas haute mais là, il s’agit vraiment d’escalade où on ne sera pas de face à la pente mais de dos, où il va falloir poser ses pieds sur des prises et des réglettes pour descendre. Puis, il faudra se faufiler à droite, contre la paroi, sur un passage plutôt étroit pour longer la rivière, sur une roche humide et donc un peu glissante. Puis faire un petit saut pour passer de l’autre coté de la rivière. Simple ? Pas si dur en effet, sauf qu’on porte chacune un sac qui pèse environs 16/17kg. Ça change un peu la donne. Autre paramètre, non négligeable : la rivière. Même si elle n’est pas large, son courant assez important et… elle disparait plus bas sous un pont de neige ! Bref, pas question de tomber dedans au risque de se retrouver dans une caverne de neige !

Nous voici donc devant ce passage. Christine n’est pas chaude du tout pour descendre ici : l’escalade, non, non. Je chercher un autre endroit où nous pourrions descendre. A droite c’est encore plus raide et la marche plus haute. A gauche, la rivière est trop large et trop profonde pour envisager de passer ici. Nous tournons, retournons. Non, le passage, c’est vraiment là où c’est indiqué. Impossible pour Christine. Nous jetons un œil à droite, en contre-bas. L’étendue de neige est importante, la rivière passe en-dessous et débouche dans un lac. Sur la droite, le flanc d’une montagne. Cela nous ferait faire un très grand détour et je doute que l’on puisse passer facilement à flanc de montagne : ça a l’air un peu raide et caillouteux… et je ne vois pas bien le terrain près du lac en bas. Pourra-t-on passer facilement ? Bref, je ne suis pas convaincue. Nous tournons et retournons encore. Derrière nous, le couple allemand arrive. Nous décidons de les attendre pour avoir leur avis. Et ils confirment : il faut passer ici. Arrivent à leur tour les deux norvégiennes et les deux tchèques. Tous son d’accord, il faut passer là où c’est indiqué.

Les allemands passent devant. Lui, descend, glisse sur la roche et trempe un peu dans l’eau. “Pas si sécurisé” dit-il. Bon… On s’en doutait un peu… Les norvégiennes suivent, descendent et partent. Aucun problème pour elle. En même temps, leur sac est minuscule… Le poids sur le dos, ça change vraiment tout. Les tchèques avancent à leur tour. Comme nous, leur sac est lourd. Elles descendent. Nous leur demandons de prendre nos sacs. Pas de problème. Je leur passe le mien. Je descends. Christine derrière moi hésite toujours. Je prends son sac, le passe à notre copine tchèque qui est resté près de nous et je montre à Christine comment faire, où poser ses pieds. Et ça passe nickel ! La voici au niveau de la rivière. Il ne reste plus qu’à la longer un peu pour la traverser.

Et là… Tout s’emballe. Le truc improbable, qui change la donne… L’autre tchèques, qui avait déjà avancé le long de la paroi pour traverser la rivière pendant que sa copine nous aidait, a voulu lancer son sac de l’autre coté de la rivière. Sauf que le sac a rebondit… et est tombé DANS la rivière. Son sac, avec toutes ses affaires. TOUTES ses affaires, y compris ses papiers, sa carte bancaire, son téléphone : tout… Dans la rivière agitée qui disparait plus bas sous le pont de neige… On ne comprend pas tout de suite ce qui s’est passé mais on voit qu’elle est livide. Sa copine nous explique le problème. Aïe… Elle passe de l’autre coté de la rivière et court voir si elle voit son sac. Sa copine passe de l’autre coté de la rivière, je lui fait passer les sacs un par un et nous la rejoignons sur l’autre rive. Elle disparaît à son tour pour voir où est sa copine. Nous la suivons et les retrouvons derrière un rocher, face à la rivière. Incroyable : le sac est là. Il flotte entre deux rochers. Bloqué, il a échappé au courant et à la descente infernale. Bon, ceci dit, je ne vois pas comment elles vont le récupérer…

L’une d’entre elle décide d’y aller à la nage. En fait, il y a quelque gros rochers sur lesquels elle pourrait passer pour arriver jusqu’au sac. Ah oui ? Au risque de tomber dans cette rivière, avec ce courant ? Ma foi… Je trouve cela culotté et un peu dangereux quand même ! Je me souviens qu’il y a deux jours, les filles sont arrivées vannées au refuge de Torehytten, elles n’avaient pas l’air hyper sportives : ça m’inquiète un peu de les voir se jeter à l’eau, c’est le cas de le dire ! Et  là, Christine leur dit qu’elle a une corde, dans son sac. Mais oui ! Nous allons la chercher et leur donnons. Celle qui va aller cherche le sac s’attache avec, l’autre reste en bordure et tient la corde. Avec Christine, nous attrapons l’autre bout, que j’entoure à un rocher. Nous tenons toutes la corde quand la tchèque entre dans l’eau. Je n’ose imaginer la température… A ce moment, un groupe passe à coté de nous. Ils ne voient pas ce qui se passe plus bas mais ils me voient avec la corde. Ils passent tous sans s’arrêter, les filles sont tout sourire. Une fois de l’autre coté, un mec me demandera quand même si tout va bien. Mais à aucun moment l’un d’entre ne viendra réellement voir ce qu’on fait avec une corde qui pendouille dans la rivière. Petite moment de solitude…

Pendant ce temps, notre amie tchèque avance de rocher en rocher et finit par arriver au niveau du sac. Mais il est tellement gorgé d’eau et tellement lourd qu’elle ne peut pas le ramener. Le seul moyen, c’est d’attacher la corde dessus, pour que nous puissions le tirer à nous trois. Elle passe et repasse la corde autour du sac et le soulève un peu. Nous tirons pour l’aider à le porter. Il arrive tout au bord de la rivière… on tire encore un peu… Et sa propriétaire peut le sortir de l’eau. Quelle soulagement !!! Elle retrouve enfin le sourire. Nous lançons la corde à sa copine qui s’encorde à nouveau et traverse la rivière. Nous les aidons encore chacune à remonter la marche un peu haute pour revenir jusqu’à nous.

Tout finit bien… Soulagement… Jamais je n’aurais cru qu’on puisse récupérer ce sac. Les tchèque reprennent leurs esprits. L’une se sèche, l’autre étale ses affaires au soleil pour les faire sécher aussi : téléphone portable, passeport, etc. Le sac pèse une tonne. Elles nous disent qu’elles vont rester ici, pour tout faire sécher. Elles ne peuvent pas avancer avec un sac aussi lourd sur le dos. Elles planteront leur tente quelque part ici. Nous leur proposons de leur laisser de la nourriture : nous en avons trop. Mais elles ont tout ce qu’il faut. Enfin, les wasa ont quand même pris un peu l’eau… Elles nous remercient mille fois de notre aide. Nous les quittons ici et reprenons notre route.

Cette aventure nous a un peu calmé quand même… Nous restons bien silencieuses au début…

Et nous continuons à avancer au milieu de la caillasse et des petits lacs dans lesquels se reflètent les rochers.

Nous croisons à nouveau des rivières…

Mais aucun passage ne sera aussi mouvementé que celui que nous venons de rencontrer. Nous passons sur une grande étendue de neige, la montée est assez raide. Nous redescendons ensuite de l’autre coté, entre les rochers. Et là, au loin, nous apercevons le fjord, la falaise et les montagnes en face.

On dirait qu’on touche au but… Et on dirait aussi qu’il y a un peu de monde… Nous apercevons des dizaines et des dizaines de personne au bord de la falaise… Pas de doute, Trolltunga est bien là-bas. Je m’attendais à ce qu’il y ait du monde mais quand même pas à ce point là : il faut marcher 4h et 1000m de dénivelé pour arriver jusqu’ici ! Ça sélectionne un minimum les candidats.

Nous continuons notre route. Nous nous arrêtons près d’une rivière pour faire le plein d’eau. Je pense que nous en trouverons encore après mais mieux vaut être sûr. Derniers lacs, derniers rochers…

… et nous arrivons à Trolltunga. C’est incroyable le monde qu’il y a. Il faut même faire la queue pour se faire prendre en photo sur la fameuse langue rocheuse qui se dresse au-dessus du fjord. Mais c’est superbe…

Nous nous posons ici pour manger notre sandwich. Je me mets un peu à l’écart de tout ce monde. C’est un peu trop après plusieurs jours au milieu de la nature.

Nous revenons ensuite sur nos pas pour chercher un endroit un peu à l’écart où nous installer. En arrivant, nous avons repéré une place près d’un lac… L’endroit est parfait ! Nous plantons nos tentes.

Photo Christine

En face, la vue  ne devrait pas être mal…

Et le soleil brille et chauffe toujours. Nous restons ici un moment, pour profiter du calme. Peu de temps après, nous apercevons les deux tchèques sur le chemin. Elles ont donc finalement repris la route. Elles nous font signe de loin et continuent. Il n’est pas impossible qu’elles redescendent directement à Skjeggedal après l’aventure d’aujourd’hui.

Vers 17h, nous tentons de retourner à Trolltunga en espérant qu’il y ait moins de monde. Raté. Il y a toujours du monde et la queue pour se faire prendre en photo. Retour au camp. Un groupe de randonneurs semble chercher un endroit et s’installe un peu plus loin, au bord du lac. Trois autres personnes semblent aussi chercher un endroit où se poser. Et d’autres encore après. Visiblement, nous ne serons pas les seules à camper ici cette nuit. Et nous avons bien fait d’arriver tôt et de planter notre tente tout de suite ! Je pense que nous avons l’une des meilleures places.

Christine lit dans sa tente. Je profite du soleil, face au lac.

Tout à coup, j’entends des couinements… Je les reconnais : ce sont ceux des lemmings. Et en effet, deux spécimens courent un peu plus bas et se cachent entre les pierres. Je sors mon appareil et part traquer les bestioles. Je me poste près des pierres et j’attends en silence. Elles ne tardent pas à montrer le bout de leur nez.

Un autre viendra même près de moi, me toiser avant de déguerpir en couinant.

J’en profite aussi pour prendre quelques photos de la nature et des fleurs qui nous entourent.

Le vent se lève un peu. Rien de méchant mais l’air se refroidit. Nous dînons. Et nous décidons ensuite de retourner à Trolltunga : cette fois, les touristes ont dû redescendre quand même. Quelques personnes sont encore là mais très peu. Certainement des gens qui ont décidé de camper ici, comme nous.Enfin, je peux prendre une photo du rocher…

Enfin nous descendons sur le rocher pour prendre des photos. Ce vide est impressionnant ! Un couple propose de nous prendre en photo : ok ! Posons pour la photo souvenir.

Il fait un peu sombre mais le résultat est quand même très sympa. Nous décidons de revenir ici demain matin, tôt, pour pouvoir faire de nouvelles photos avec plus de lumière.

Retour à notre campement. Le soleil se couche dans l’axe de ma tente. Derniers rayons de soleil qui chauffent encore un peu… Et dernière nuit sur le plateau. Demain, nous redescendons à Skjeggedal avant de retourner à Kinsarvik. L’aventure Hardangervidda touche à sa fin.

Photos de la journée

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