Le ciel bleu d’hier soir a fait place au brouillard ce matin. Quand je sors de la tente, on ne voit pas grand chose dehors… Pourtant, le soleil semble quand même vouloir pointer son nez.
J’ai bon espoir que cela se lève. C’est quand même super humide dans la tente. Et j’ai eu la bonne idée hier de ne pas étendre la couverture de survie sur le sol. Cela ne me paraissait pas nécessaire vu le temps dégagé…
Avant de lever le camp, nous voulons retourner à Trolltunga. Il est 7h30. Nous avons fait exprès de nous lever tôt pour être tranquille sur le site et pour ne pas partir trop tard ensuite.
Dehors, le brouillard se lève finalement assez vite et la vue est dégagée lorsqu’on arrive à Trolltunga. L’occasion de faire une nouvelle série de photos. Cet endroit est magique…
Mais même à cette heure, le rocher n’est pas entièrement à nous. Une famille et un couple sont déjà là. Ils ont tous campé ici cette nuit.
La séance photo bouclée, nous revenons au camp pour ranger les tentes. Cette fois, il est l’heure de partir. Direction Skjeggedal et 1000m de descente. D’après la carte, la dernière partie est très raide… Je ne sais pas trop à quoi m’attendre… J’ai rarement vu des courbes de niveau aussi rapprochées l’une de l’autre.
Peu après le départ, nous croisons un couple de norvégiens qui s’apprête aussi à partir. Ils ont campé ici avec le chien… et un tout petit bout de chou ! Sa maman le porte devant elle, en plus du sac à dos et son mari est lui porte tout le reste. Sacrée équipée !
Le fjord est en forme d’arrondi et lorsque nous nous éloignons, nous apercevons Trolltunga sur le coté. C’est tellement petit par rapport à cet énorme fjord ! Au fur et à mesure, la vue s’ouvre un peu plus et le fjord entier apparaît sous nos yeux.
Nous le longeons via un petit chemin plus ou moins boueux selon les endroits.
Rapidement, nous croisons les premiers touristes qui arrivent dans l’autre sens. Quelques uns au début puis de plus en plus : une vraie file indienne ! On comprend mieux les dizaines de touristes amassés hier à Trolltunga. Certains ont dû partir aux aurores pour être ici à cette heure : cela doit bien faire 3h qu’ils marchent, avec un beau dénivelé positif. Certains sont plutôt bien équipés, d’autres moins : leurs chaussures risquent de souffrir dans la boue… Certains passages sont vraiment roots. En tout cas, cela change vraiement des jours précédents où nous ne croisions personne…
Nous suivons le chemin, toujours le long du fjord et au milieu des cailloux échoués ça et là.
Nous passons près de plusieurs petits lacs puis nous arrivons au niveau d’une descente un peu plus raide. Ah ! Une belle série de dalles ! Ça me manquait tiens ! Je bifurque et prends un petit chemin sur la gauche pour éviter de passer dessus. Dans l’autre sens, toujours autant de touristes qui montent plus ou moins vite. Un couple nous demande si c’est encore loin (sic !). Nous leur répondons que oui, il faut encore marcher un peu mais nous les rassurons quand même : la pente sera nettement moins raide. Ils sont en train de faire le plus dur. Et honnêtement, je n’aimerais pas être à leur place : ça n’a vraiment pas l’air d’être une partie de plaisir !
Nous arrivons sur un plateau et apercevons les premières maisons. La civilisation se rapproche…
Un panneau indique une direction par temps sec à gauche, sur une route goudronnée et une direction par temps humide, en face, sur un chemin de terre. J’attends que Christine me rejoigne pour décider avec elle du chemin à prendre. Nous décidons de suivre celui qui est goudronné et qui a l’air plus tranquille. Mais quelques mètres plus loin, nous avons un doute… Nous voyons pas mal de personnes en face, sur le chemin de terre et nous ne voyons pas vraiment de balisage à gauche. Finalement, nous bifurquons pour reprendre le chemin « temps sec ». Et après tout, le soleil brille, non ?
Nous avançons un peu et décidons de faire une pause pour déjeuner. Nous cherchons en vain un endroit à l’ombre. Tant pis. Mais le soleil tape fort aujourd’hui, je sors la crème solaire. J’en profite pour jeter un œil à la carte. Apparemment, la pente raide est pour bientôt…
Lorsque nous repartons, un panneau indique que l’arrivée est à 2km. Ah… La pente vertigineuse serait donc un peu longue ? En tout cas, la carte n’a pas menti, elle est vraiment très très inclinée ! J’ai l’impression de descendre un escalier de pierre, avec des marches plus ou moins hautes. Les genoux en prennent un sacré coup même avec les bâtons pour amortir. Par endroit, la terre est friable et le sol glisse un peu. J’avance au ralenti. J’aperçois le parking en contre-bas mais il me parait loin. Je fais des pauses toute les 5 minutes. C’est long et pénible. A chaque pas sur une pierre, ça résonne dans les chaussures, les jambes. Quand je pense que tous les gens qui vont à Trolltunga se tapent ce passage en montée puis en descente : chapeau ! C’est une sacré journée !
Enfin nous arrivons en bas. J’ai les jambes en coton ! Nous allons nous poser près de l’arrêt de bus. Il faut attendre 2h. Au début, j’avais envisagé d’aller à Tyssedal à pied pour y récupérer le bus pour Kinsarvik. Mais après cette descente, pas question de marcher plus longtemps. L’heure du bilan après nos 5 jours de marche : contentes mais crevées !
En face de nous, un escalier géant semble mener au niveau du plateau, au-dessus de la pente infernale. Ne serait-ce pas le chemin « temps humide » ? Nous voyons des gens monter et descendre. Dans la descente, la sensation de vide doit être impressionnante ! Nous voyons même quelqu’un descendre “en crabe” pour ne pas faire face à la pente !
Un mec arrive en vélo. Christine se rappelle l’avoir vu plus haut, en train de courir dans la pente. Elle lui demande si c’était bien lui. Exact. Elle lui demande s’il prépare un triathlon ? Non, un semi iron man. Rien que ça. Et le voici parti pour quelques kilomètres à vélo…
Le bus arrive enfin. Entre temps, la petite famille avec le bébé est arrivée. Ils ont vraiment l’air crevés ! Le mari demande au chauffeur de bus s’il peut monter avec le chien, pour descendre au parking qui est un peu plus bas. Le chauffeur accepte. Dans le bus, maman s’endort sur son siège pendant que bébé s’amuse.
Le bus suit la route qui serpente dans la montagne. Une toute petite route avec un tunnel… Je ne suis pas certaine que cela aurait été prudent de la suivre à pied. Arrivée à Tyssedal et attente à l’arrêt de bus pour prendre celui qui va à Kinsarvik. Je reçois un SMS de DNT : les dernières informations pour le trek dans le Jotunheimen dans deux jours. Arrivée du bus, route pour Kinsarvik. Nous retournons au camping avec vue. A peine la tente plantée, je vais prendre une douche : après nos 5 jours loin de la civilisation, elle est fameuse ! Je me rince aussi abondamment l’œil car j’ai chopé une belle irritation aujourd’hui. J’ai eu la bonne idée de me frotter les yeux avec les mains pleines de crème solaire. C’est l’enfer, je n’arrive plus à garder l’œil ouvert. La douche réussira à calmer la douleur.
Demain, nous repartons vers Bergen. Nous arriverons assez tôt là-bas, ce qui n’est pas plus mal : nous pourrons visiter un peu la ville et nous balader sur les collines qui l’entourent. Enfin, attendons de voir la météo local…
Photos de la journée
