08 août 2019 – Ghiling – Dhakmar

Départ à 8h. Aujourd’hui, nous passerons par un nouveau col à 4000 m pour suivre la route qui va nous mener jusqu’au petit village de Dhakmar.

La nuit a été bonne et pourtant, je me sens fatiguée ce matin. Heureusement, nous commençons par un long passage à plat. Ça va aider à se mettre dans le rythme. Au loin, les montagnes ont la tête dans les nuages.

Mais au-dessus de nos têtes, le soleil est là et il chauffe pas mal. On se tartine de crème, on met lunette de soleil et casquette et on n’oublie surtout pas de boire.

Nous commençons à la montée. Pour la première fois depuis le début du trek, nous nous retrouvons au milieu de plusieurs groupes. Il y a nos amis croates mais aussi un groupe avec une femme coréenne, qui avance lentement, en tenant un bâton de marche d’une main et son parapluie de l’autre, pour se protéger du soleil. L’un des guides du groupe reste derrière elle, pour s’assurer qu’elle suit bien. Il faut dire qu’elle est loin, très loin des autres membres du groupe.

De mon coté, tout va bien, je monte comme il faut. J’ai trouvé mon rythme, j’arrive assez vite en haut. Dam et Anne me rejoignent peu de temps après. Nous faisons une petite pause au col et en profitons pour faire une photo de notre petit groupe.

Nous profitons aussi de la vue sur les montagnes colorées. Voilà la vraie belle récompense après la montée !

Nous reprenons la route et apercevons le village de Ghami en contre-bas. A droite, nous pouvons voir l’ancien village, qui a été abandonné car il n’y avait plus d’eau. Il n’était plus possible de cultiver quoi que ce soit. Un nouveau village a été construit sur l’autre rive, plus près de la rivière.

Nous continuons dans sa direction. En route, nous passons à proximité de montagnes aux formes étonnantes, qui font penser à des champignons.

Nous nous arrêtons à Ghami pour déjeuner dans une guesthouse. Il fait beau, nous nous installons dans le jardin pour déjeuner. Une jardin bien fleuri, ce qui n’est pas si courant ici !

Nous mangeons notre maintenant habituel Dal Bhat, et nous repartons.

Pour la suite, nous avons le choix entre deux chemins : un chemin qui monte sur la crête et qui permettra d’avoir de nouveau une belle vue sur les montagnes ; ou un chemin qui passe au pied des montagnes et longe la rivière. C’est celui-ci que nous prendrons. Dam ne nous laisse pas le choix, certainement parce que le ciel s’assombrit. Les orages ne sont pas loin…

Nous arrivons à proximité d’un très grand mur de pierres de mani, le plus grand du Mustang.

Et ce mur a une histoire, qui explique également la couleur rouge des montagnes qui l’entourent.

En effet, lae légende raconte qu’au 8ème siècle, la fille du roi du Mustang habitait ici. Elle s’était transformée en ogresse et chaque jour, elle tuait un habitant du village pour boire son sang. Mais comme il s’agissait de la fille du roi, ils ne pouvaient hélas rien faire. Cependant, ils ont fini par l’informer des agissements de sa fille et celui-ci a prévenu à son tour les moines et Guru Rinpoché.

Horrifiés, ils ont organisé une chasse. L’ogresse a essayé de s’enfuir mais elle a été rattrapée à la sortie du village, à l’emplacement même de ce mur de pierre et elle fut tuée. On raconte que ses intestins ont été enterrés là où se dresse le mur et son cœur arraché et lancé vers les montagnes. C’est donc le sang de l’ogresse qui a donné cette couleur rouge aux montagnes, tandis que les gouttes de ce même sang ont donné naissance à plusieurs chörtens.

En regardant ces chörtens de plus près, ce qui surprend surtout, c’est à quel point ils se fondent dans le paysage: ils se confondent littéralement avec la montagne qui se dresse derrière.

Nous descendons près de la rivière et commençons à la longer.

Derrière nous, ça gronde assez fort. Les grandes montagnes sont dans la tourmente, il ne fait pas bon être là-bas en ce moment ! Tout autour de nous, le ciel est sombre mais pour le moment, les orages n’arrivent pas à passer. Le Mustang est vraiment préservé de tout ça.

Le chemin est très beau. Au début, nous étions un peu déçues de ne pas passer par la crête mais finalement, nous n’avons aucun regret, au contraire. En passant plus haut, nous n’aurions pas pu voir les chörtens d’aussi près, les chevaux dans les prés, les petits temples… Et longer la rivière est très agréable et paisible.

Nous arrivons aux portes de Dhakmar. Au loin, sur les falaises, on aperçoit de nombreuses grottes. Il y en a énormément ici. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber, il est temps qu’on arrive.

Nous allons jusqu’à la guesthouse, la seule du village, et nous nous installons. Quelques minutes plus tard, une grosse averse : nous l’avons échappé belle ! Heureusement, cela ne durera pas.

On dirait aussi qu’il a neigé sur les sommets des montagnes, à 5 000 m. Ils semblent comme saupoudrés de sucre.

Nous ressortons avec Anne pour aller faire le tour du village. Nous pensons aller au pied des falaises, pour aller voir de plus près les grottes, et notamment celles qui, de loin, nous font penser à un visage.

Un peu après la guesthouse, nous bifurquons sur la droite pour monter dans un pré avec des chevaux. Derrière, un passage entre les falaises attire mon attention. Je pénètre à l’intérieur de ce temple.

Je m’approche de la paroi : pas de doute, ce n’est vraiment pas approprié pour l’escalade, bien trop friable !

Un peu plus loin, sur la gauche, un passage semble mener vers de très grandes grottes. Ça m’intrigue, je m’approche. On dirait qu’elles sont accessibles. Je monte un peu. C’est raide, un peu glissant mais ça me semble jouable…

Je rebrousse chemin car je suis toute seule. Je préférerais tout de même y aller avec quelqu’un, au cas où ça s’avère un peu dangereux.

Je repars, en restant un peu sur ma faim. Je rejoins Anne et nous continuons à faire notre tour des falaises. Les habitants quant à eux regroupent les chevaux et les vaches pour les rentrer pour la nuit. Normalement, il aurait dû y avoir un festival équestre ici aujourd’hui mais il a été annulé, la météo étant incertaine.

Près d’une falaise, une vache semble avoir réussi à échapper au rassemblement, préférant visiblement rester brouter l’herbe dehors.

Nous traversons la rivière et revenons dans le village.

Là, nous croisons le couple croate qui est arrivé à son tour à Dhakmar. Comme nous, ils se promènent un peu avant le dîner. Je leur parle de la grotte que j’ai vue et qui semble accessible. Vedran semble intéressé pour aller y jeter un œil. Nous retournons donc au pied de la falaise.

Là, nous commençons à monter tous les deux. C’est plus raide que ça n’y parait et c’est surtout glissant car mouillé. J’essaie tant bien que mal de m’aider des parois de la falaise mais elles sont très friables, je ne peux pas vraiment m’y accrocher. Je finis en rampant à moitié, j’arrive enfin au pied des grottes. Et là… un mur ! Un vrai mur construit pour empêcher les gens de rentrer dedans, qu’on ne voyait pas d’en bas. Déception… On pourrait escalader mais c’est un peu chaud quand même…

Nous faisons demi-tour. La descente est encore plus délicate que la montée. Je me mets sur les fesses par moment pour éviter de déraper et de dévaler la pente jusqu’en bas. On repère le meilleur chemin, on vise les pierres qui ont l’air de tenir.

Nous avançons prudemment et finissons par arriver en bas, couverts de boue et de poussière mais entiers !

Il est tard la nuit commence à tomber. Nous rentrons à la guesthouse pour dîner. Je raconte à Dam que j’ai voulu aller dans la grotte mais qu’un mur nous en a empêché. Il me dit qu’une autre grotte, un peu plus loin était accessible. C’est vrai que nous avions vu des gens remonter la pente pour y aller mais ça avait l’air bien raide aussi ! Et c’était tellement plus drôle d’avoir notre propre grotte pour nous tous seuls…

Demain, ce sera une plus grosse journée de marche. Il nous faudra marcher 7h, avec une belle montée au départ. Mais demain soir, nous arriverons à Lo Mantang, la capitale du royaume de Lo.

Photos de la journée

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