11 août 2011 – Borgarfjörður Eystri / Storurð

Cette nuit, j’ai eu froid. Pas la super forme. Je me sens un peu molle. Je ne sais pas trop ce que cela va donner.

Départ.

J’avais oublié combien mon sac était lourd…

Je prends la direction indiquée sur la carte, pour aller au départ de mon trek. Arrivée à l’endroit indiqué, je ne vois aucune indication, panneau ou autre, signifiant le chemin. D’habitude, on trouve toujours un signe. Là, rien.

Je continue, j’arrive dans un cul de sac. Et je n’ai croisé aucune marque. Étrange. Je me renseigne auprès d’islandais qui m’indiquent une direction. Ça a l’air logique mais il faut que je traverse les champs en navigant à vue. Je me dis que je ferais mieux de revenir sur mes pas pour trouver le bon chemin, celui qui est marqué. Je ressors ma carte, me pose 5 minutes pour l’étudier, sors mon GPS pour me localiser.
Je pointe une direction qui devrait être la bonne cette fois.

Je repars, je tourne. Je suis un peu perdue quand même.

Je tourne et me retrouve dans une espèce de décharge. Pas ici.

Je continue le long de la route et arrive presque à hauteur d’une ferme. Trop loin.

Ça m’énerve. Je ressors mon GPS. Pointe à nouveau la direction et me remets en route. J’aperçois alors une cavalière… sur un chemin. Mon chemin ? Les marques apparaissent, c’est bien lui ! Je m’engage dessus.

Il est 10h passé. J’ai perdu presque 2h. Je suis un peu énervée…

Je marche au milieu de pâturages. Pas mal de creux et de bosses, il faut être vigilant, bien regarder où l’on pose les pieds.

Je commence la montée et, malgré le retard sur mon timing, je prends le temps d’admirer la vue sur le fjord et le village.

Le chemin continue de monter, lentement mais surement. Avec ma petite forme du matin, c’est très très dur. Je m’arrête tous les quarts d’heure. Une vraie journée ‘sans’… L’enfer…

Sans compter l’absence de marques régulières. Elles sont souvent tombées ou carrément absentes. Du coup, je perds du temps à les chercher, à tourner… Parce qu’en plus d’être une journée ‘sans’ niveau physique, j’ai aussi du mal à faire marcher mon cerveau. J’ai beaucoup de mal à me repérer. Vraiment, aujourd’hui, je n’y arrive pas, je ne sais pas pourquoi. Je suis vidée. Pas de jus, pas de cerveau, j’erre au pied des Dyrfjöll. Maraboutée par les elfes ?? Une de leurs farces ??

Je ne le sais pas encore, mais je vais enchainer les galères tout au long du parcours. Quand on est à l’ouest physiquement et mentalement, tout part de travers.

Sur le chemin, il y a plusieurs petites rivières à passer.

Souvent, pas besoin de se déchausser : une grande enjambée, une traversée en courant (à la ‘Jean’) ou en s’aidant des pierres, ça passe. Et des fois, il le faut. Ou plutôt, il le faudrait. C’est évident. Je le sais. Mais par fainéantise, je ne le fais pas. Et je me retrouve les deux pieds dans l’eau, au dessus de la cheville. Voilà. Chaussures et chaussettes trempées. Il ne manquait plus que ça…
Je râle toute seule comme une tarée de l’autre coté de la rive. C’était évident que cela ne passerait pas. Pourquoi ai-je tenté le coup quand même ??

Je repars, les pieds trempés. J’ai vite mal aux pieds. Je sens que je vais finir la journée avec des ampoules… Et les marques absentes, je galère. Je fais des détours et je ne prends pas forcément le chemin le plus facile. Histoire d’être sûre que mes chaussures ne vont pas sécher, je passe dans des endroits où la terre est gorgée d’eau. Je m’enfonce jusqu’à la cheville. Aujourd’hui, on dirait que tout est réuni pour ne pas me faciliter la tâche.

J’arrive au col. Le terrain change complètement. Je suis maintenant dans le minéral. Des cailloux, des éboulis. Et toujours un marquage très aléatoire.

Je suis au pied des Dyrfjöll… Énigmatiques montagnes… Imposantes… inquiétantes…

Je m’arrête là pour manger un morceau mais je repars très vite. Je ne suis pas en avance et si la journée finit comme elle a commencé, je ne suis pas au bout de mes peines. Et je veux aussi en finir avec cette montée. Arriver à Storurð et planter ma tente !!!

Je suis maintenant dans les éboulis. Pas cool… Avec mon gros sac et la fatigue qui me font perdre l’équilibre, je galère encore.

Plus ça vient, plus je me dis que je ne prendrai pas ce chemin pour revenir demain. Quitte à passer par la route en partie. Je crois que je préfère.

Et puis, je sors des éboulis. Mais je rencontre cette fois de grandes plaques de neige. Je n’avais pas pensé en voir autant…

ça change encore un peu la donne. Les marques sont parfois enfouies en dessous. Et je dois en traverser certaines. Je regarde bien pour être sûre que cela ne fait pas un pont avec de l’eau en-dessous. Il ne manquerait plus que je passe à travers et que je me retrouve dans l’eau pour de bon.

Je ne le sens vraiment pas ce trek… Et pourtant, je suis dans la bonne direction.

J’arrive à nouveau devant une grande plaque de neige. Cette fois, on voit clairement que beaucoup d’eau coule en dessous. Pas question de passer dessus. Je fais un détour un peu plus bas. En passant par une pente, pleine d’éboulis. Je termine la descente sur les fesses, au pied de la petite rivière. Je la traverse.

Je ne vois plus du tout les marques. J’essaie de naviguer à vue. Mais je ne sais pas du tout où je suis. Et je crois que je ne sais plus trop où je vais. J’en ai marre et je fatigue.

Pourtant, d’après le GPS, je ne suis plus très loin du but. J’ai fais les ¾ du chemin. Je pointe une direction. Sauf que le pente est de plus en plus abrupte. Je suis soit trop haute, soit trop basse. Je n’arrive pas à savoir. Je n’ai plus envie. Je trouve que cela craint. A ce moment, je me dis : ‘Tu ne sais pas où tu vas. Le terrain est merdique à souhait. Impossible de planter une tente ici pour attendre demain. Par contre, tu connais le chemin du retour.’ Parfois, il faut savoir renoncer. Et là, je crois que c’est le mieux que j’avais à faire. Même si je suis très énervée et que j’insulte la terre entière. Je n’aime pas forcer les choses et là, les signes se multiplient et moi je suis à coté de mes pompes.

Me voici donc qui repars dans l’autre sens. Je dois remonter la pente que je viens de descendre sur les fesses. Des éboulis. Pleins de petites pierres plates. Je glisse. A chaque pas, je redescends de trois. Et mon sac qui me fait perdre l’équilibre. Je finis à plat ventre, les bras à moitié égratignés. Je prends le temps de me poser et de me calmer. Je vais bien réussir à la monter cette pente, peu importe le temps que je vais mettre. Et je monte. J’arrive en haut.

Je reviens tranquillement sur mes pas. Je trébuche pas mal, je suis vraiment larguée. La descente est assez laborieuse. Cette fois, je retire mes chaussures pour passer la rivière. Même si j’ai toujours les pieds trempés.

Et les moutons qui me regardent…

Des moutons sous toutes les formes…

J’arrive au village. Je voulais faire quelques courses ce soir, pour au moins me faire plaisir avec un bon repas mais la supérette est fermée. En même temps, il est 18h30.

J’arrive au camping, ca-ssée ! Je plante la tente et je vais prendre une douche direct pour me détendre. Au moins quelque chose qui fait du bien dans cette journée.

Dans le bâtiment de la cuisine, je croise un couple de français. C’est marrant, ils ont fait à peu près le même parcours que moi. Et ils vont faire le Viknasloðir et aussi le trek du Lónsöræfi que j’avais envisagé de faire. Sauf qu’il faut passer sur un bout du glacier, ça m’a arrêté. Je n’ai pas l’équipement et je n’ai jamais marché sur un glacier. Je ne sais pas à quoi m’attendre. D’après eux, pas besoin d’équipement. Ils se sont renseignés auprès des gardiens du refuge. A voir alors. Je vais croiser avec d’autres sources quand même.

Ils partent demain, comme moi. J’ai décidé d’enchainer directement, de ne pas rester sur mon échec de la journée. Sauf que eux vont faire deux étapes en une journée, à cause de la pluie annoncée pour dimanche. Prévisions maintenues on dirait… Ils veulent avancer vite, finir plus tôt. Je ne comprends pas l’intérêt. De toute façon, ils se prendront la pluie quand même avant la fin du trek étant donné qu’il y aura encore deux étapes ensuite. Après tout, c’est leur choix. Moi, je vais juste annuler l’étape camping à Brúnavik, pour ne pas être loin des refuges en cas de très mauvais temps.

J’espère que je serai plus en forme cette fois. La journée m’a un peu calmée quand même…


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